jeudi 20 février 2014

Guadix et les maisons troglodytiques

Notre départ vers l’ouest prévu à la mi-février a été reporté à la fin du mois car nous attendons la livraison de la carte et le guide ACSI, répertoire de campings pour tout l’Europe, recommandé par Bernard, un camping-cariste français. Cette carte nous permettra de ne payer que 14, 16 ou 18 euros dans une grande quantité de camping européens, donc très utile pour la suite de notre périple.  Tant qu’à attendre, Denis en a profité pour renouveler son GPS de route, qui montrait des signes de fatigue, en commandant un modèle spécial pour les camping-cars, ce qui nous aidera à éviter les endroits trop étroits pour notre véhicule.


Nos gentils voisins

Apéro en compagnie des voisins français
À la fin janvier, deux camping-cars français se sont installés sur les sites adjacents au nôtre. Nous avons très rapidement sympathisé avec Brigitte, Pierrette, Guy et Jean-Claude.  Ils possèdent de très beaux et gros véhicules et celui de Guy nous a coupé des grands vents que nous avons eus il y a deux semaines.  Denis a visité le Carthago de Guy d’une façon assez spectaculaire, en passant par une petite fenêtre car Guy avait oublié ses clés à l’intérieur.  Ils sont membres d’un forum de discussion sur les camping-cars et nous avons adhéré à ce groupe qui organise aussi des rencontres d’échange, un peu comme le Club Westfalia.



Laroles

16 février

Laroles - petit village désert
Guy et Brigitte remorquent une petite voiture à l’arrière de leur véhicule et comme Jean-Claude et Pierrette sont repartis samedi dernier, nous avons été invités à explorer les environs en leur compagnie.  Nous sommes donc retournés dans l’arrière-pays jusqu’à Laroles, petit village situé dans les contreforts de la Sierra Nevada. Après une petite promenade dans ce village isolé où nous n’avons rencontré qu’un chien et son propriétaire et quelques chèvres et leur berger, nous sommes repartis vers le sud.  Après un court arrêt pour acheter des pâtisseries espagnoles – beaucoup trop sucrées – nous avons emprunté un col traversant la Sierra de Gator qui nous a offert de magnifiques vues de Roquetas de Mar et des champs emballés dans le "plastique"...

Laroles - juché dans les contreforts de la Sierra Nevada,  entouré d'amandiers en fleurs

Non, ce n'est pas les glaces du Saint-Laurent... mais les serres de la région d'Almeria... à perte de vue !

Guadix

19 février

Le beau quartier des maisons troglodytiques
Guy et Brigitte ont à nouveau la gentillesse de nous inviter à visiter les environs et nous reprenons la route ce matin pour Guadix, située à un peu plus de 100 km au nord d’Almeria.  Cette petite ville est bâtie au pied des premiers contreforts de la Sierra Nevada, à 915 m d’altitude, au milieu d’impressionnants canyons.  La principale curiosité de la ville, ce sont les nombreuses maisons que les habitants ont aménagées à l’intérieur de grottes creusées dans l’argile malléable des collines qui entourent la ville.  On compte près de 2000 maisons troglodytiques, peuplées par quelque 8000 personnes, ce qui en ferait le plus grand ensemble de ce type en Europe. Très bien entretenues, ces maisons sont surprenantes avec leurs belles façades blanches.  Elles sont construites à 3 mètres sous la surface afin de conserver une température constante de 18 à 20 degrés toute l’année et possèdent plusieurs pièces.  Il n’y a pas de fenêtres, juste une ou deux entrées, mais elles sont souvent très modernes à l’extérieur comme à l’intérieur.  Des nombreuses cheminées blanches (pour le chauffage et l’aération) sortent de terre et offrent un paysage insolite.  On se dit que Gaudi a dû s’inspirer de ces cheminées dans plusieurs des œuvres que nous avons vues à Barcelone.  Un habitant de ces grottes nous a invités à visiter sa demeure et nous nous sommes ensuite rendus à la Cueva-Museo de Costumbres Populares (grotte-musée), un centre d’interprétation très intéressant sur ce mode de vie. 

La caverne "El Mirador" - un toit pour le patio seulement !



Le Salon - qui dirait qu'on est sous-terre ?  Au fond : une chambre

La caverne-musée du centre d'interprétation









On dirait un village de stroumph avec les cheminées !
Notre visite s’est terminée par un copieux repas de spécialités de la région dans un petit bar-restaurant de la place, et par la visite extérieure de la cathédrale, l’accès à l’intérieur étant fermé.


La cathédrale de Guadix - très différente de celles qu'on a déjà vues !

dimanche 9 février 2014

L’arrière-pays et Grenade

2 février

Le tour de la Sierra Gador

Nous profitons de notre petite voiture pour une escapade du dimanche dans l’arrière-pays de la province d’Alméria. En nous dirigeant vers le nord-ouest, nous laissons progressivement la plaine du bord de mer et les immenses champs de culture emballés dans le plastique – les serres de culture sont à pertes de vue ici et lorsque le soleil reflète sur les toits, on dirait des champs enneigés et glacés après un verglas – et nous empruntons une route à travers les collines.  En ce début février, nous sommes heureux de constater que le printemps est à nos portes car les amandiers sont en fleurs. Nous retrouvons dans cette région des vignobles, orangeraies et oliveraies.  Après une petite visite dans un vignoble, nous nous arrêtons à Laujar de Andarax pour le lunch, minuscule village aux maisons toutes blanches situé entre la Sierra Nevada et la Sierra de Gador.  Nous continuons ensuite notre tour de la Sierra de Gador, le massif montagneux que nous observons tous les jours au nord de notre camping.


Nous nous dirigeons ensuite vers Tabernas, petit village situé dans l’unique désert d’Europe et dont les environs servirent de cadre aux tournages des films de Sergio Leone, dont « Le bon, la brute et le truand » et « Pour quelques dollars de plus ».  Il est possible de visiter les décors de cinéma qui servent encore aujourd’hui au tournage de publicités et de séries télévisées.  Pas surprenant que cet endroit servit de décor aux westerns spaghetti car l’environnement ressemble en tout point à celui des cowboys des états américains du Wyoming et du Montana et aux badlands du Dakota.

Studios de cinéma près de Tabernas

  
4 février

Granada

Nous partons tôt mardi matin, direction Grenade, située à 170 km au nord-ouest du camping. Nous empruntons l’autoroute qui longe la mer jusqu’à Motril et montons ensuite vers la Sierra Nevada jusqu’à notre destination. Nous arrivons vers 11 h à Grenade, qui domine la belle plaine fertile de la Vega et qui est bâtie sur trois collines au pied des sommets enneigés de la Sierra Nevada.  Il fait assez froid, les pentes de ski sont à quelques kilomètres seulement… nous avons pensé apporter quelques vêtements plus chauds mais nous aurions apprécié nos doudounes.

Le vieux Grenade et le potager de l'Alhambra au premier plan

Nous nous stationnons à l’Alhambra, le site le plus visité d’Espagne.  Des milliers de touristes viennent ici à chaque jour de l’année pour visiter cette forteresse arabe, construite à partir du 14e siècle.  Située sur une colline en face du vieux Grenade, la forteresse de l’Alhambra est immense et comprend plusieurs palais, des jardins et une église.   Comme nous avions déjà fait notre réservation par Internet, nous évitons la file d’attente et obtenons rapidement nos billets pour visiter à compter de midi le Palais Nasride, du nom des émirs qui construisirent cette forteresse.  Nous nous rendons en premier lieu au musée du Palais de Carlos V (Charles Quint) pour admirer une belle collection d’art islamique.  Nous entrons ensuite dans les belles salles du Palais Nasride.  On dit que les émirs cherchèrent à y créer une image de paradis sur terre afin d’exorciser la triste réalité à laquelle ils étaient confrontés, celle de leur pouvoir sur le déclin.  Ce palais arabe montre bien leur art et leur talent à utiliser subtilement des matériaux modestes tels que la céramique, le stuc et le bois.  Le palais possède de nombreuses cours intérieures dont la cour des myrtes et surtout la cour des lions qui est magnifique.

Palais Nasride - Cour des lions

Palais Nasride - Cour des myrtes
Nous traversons ensuite des jardins et un potager qui sont un peu dénudés en cette saison et notre visite se termine par le Generalife, autre palais arabe dominant l’Alhambra, connu surtout pour ses très beaux jardins et utilisé comme palais d’été par les sultans nasrides.  Les jasmins sont en fleurs et des jardiniers sont à l’œuvre et plantent déjà des fleurs en ce début février. 

Jardin intérieur du Generalife
Escalier avec fontaines à chaque paliers - l'eau descend dans une gorge sur les côtés
Nous empruntons l’autoroute vers le nord-est pour le retour, nous permettant de longer le nord de la Sierra Nevada et de voir une bonne partie de ses 14 sommets enneigés de plus de 3000 mètres de même que les nombreuses éoliennes installés sur les collines du côté nord du massif qui produisent une grande partie de l’électricité de la région.

Massif de la Sierra Nevada
Notre petite voiture est remise à son locateur jeudi matin.  Nous resterons encore quelques jours à Roquetas de mar car Denis a un nouveau projet : faire briller le Bourlingueur comme lorsqu’il était neuf !  Il a trouvé de la cire à bateau à Alméria et il frotte depuis ce temps.  Nous en profiterons pour écouter les olympiques et surtout pour laisser un peu le printemps s’installer car de grands vents sont prévus dans les prochains jours.   Notre prochaine destination à la mi-février : Gilbraltar.

samedi 1 février 2014

Almeria et Cabo de Gata


Janvier 2014

Notre mois de janvier s’est déroulé dans la douceur du climat du sud de l’Espagne.  Avec des températures moyennes de 17 degrés le jour et du soleil mur à mur la plupart du temps, nous avons profité de cette longue pause de mi-parcours pour se mettre en forme et refaire le plein d’énergie. Nous en avons aussi profité pour installer la tente qui s’adapte à l’auvent du Bourlingueur et qui dormait dans notre soute depuis notre départ.  Cette seconde pièce agrandit notre intérieur et nous permet de profiter de la chaleur extérieure plus longtemps en fin de journée.

L’immense marché local a été notre destination du jeudi matin où nous avons fait quelques achats à très bas prix.  C’est impressionnant de voir tous ces marchands qui installent leurs marchandises tôt le jeudi matin des deux côtés du terre-plein d’un grand boulevard. On retrouve presque tout : rideaux, couettes, ustensiles de cuisine, vêtements, lingerie, chaussures, sacs à main, bijoux, musique etc. et bien sûr fruits, légumes, épices et viandes.  En après-midi, tout est ramassé et ça n’y parait plus !



Nos randonnées de vélo nous ont menés au Parc Naturel de Punta Entinas-Sabinar où nous avons pu observer des flamands roses et autres variétés ailées.  Situé sur le bord de la mer à environ 13 km à l’ouest de notre camping, nous apercevons de cet endroit les sommets enneigés de la Sierra Nevada.  Nous avons également pu observer sur ce parcours les immenses édifices à appartements récemment construits et qui nous semblent presque entièrement inoccupés.  Selon un voisin français habitué de la région, c’est la crise économique qui ferait son ravage.



Étant donné que la température plus à l’ouest est encore hivernale, nous décidons de prolonger notre séjour pour environ deux semaines encore mais comme nous commençons à avoir la bougeotte, nous louons une petite auto pour la prochaine semaine.  Cela nous permettra de visiter les alentours sans déplacer le Bourlingueur, bien installé avec sa dépendance.


Almeria

30 janvier

Située à 16 km à l’est, Alméria est la capitale de la province du même nom.   C’est une jolie cité d’où partent des traversiers pour plusieurs destinations du nord de l’Afrique.  Elle est traversée par plusieurs grands boulevards longés de palmiers.  Nous nous stationnons au bas de la ville et parcourons les petites rues sinueuses, en passant par la cathédrale et l’hôpital Ste-Marie-Madeleine, pour nous rendre au site principal à visiter, l’Alcazaba.  C’est la plus vaste forteresse édifiée par les Maures en Espagne.  De l’extérieur, c’est une forteresse comme on en voit souvent, installée sur une colline qui domine la ville de laquelle on a une très belle vue et entourée de hauts remparts, mais c’est en entrant à l’intérieur que nous sommes grandement surpris.  Construite il y a plus de 1000 ans, c’est tout un ensemble de bâtiments et jardins arabes presque entièrement restauré.  Nous entrons dans un immense jardin comprenant un ingénieux système de canaux hydrauliques qui descendent le long des escaliers et alimentent fontaines et bassins. La végétation est abondante et doit être magnifique en été, quoique assez fournie en cette fin janvier ; plusieurs arbustes sont fleuris, entre autre un gros bosquet de lavande. Nous retrouvons également des logements comportant de petites pièces distribuées autour d’une cour intérieure donnant lumière et aération, qui nous permet de comprendre le mode de vie de cette époque.  Il y a aussi la maison du gouverneur qui comporte une très belle cour.  Une partie non restaurée offre des vestiges archéologiques d’un palais du Royaume des Taifas, nom de ces petits états musulmans établis en Andalousie.




En sortant de la forteresse, nous dégustons de délicieux tapas dans un petit café du centre-ville pour ensuite nous diriger vers la plaza Vieja, belle place rectangulaire entièrement fermée par des bâtiments dont l’hôtel de ville qui est présentement en rénovation.  Notre journée se termine par le gros supermarché Carrefour d’Almeria où nous faisons provisions de produits français et surtout de vin, lait, jus et autres victuailles qui commençaient à nous faire défaut après un mois à faire nos courses avec des sacs à dos.


Parque natural de Cabo de Gata

31 janvier

Cette réserve naturelle est située à 35 km à l’est d’Almeria et est reconnu pour ses hautes falaises volcaniques, ses plages sauvages et ses salines.  Nous cheminons donc le long de la route qui traverse le parc jusqu’au bout qui nous amène à un phare et à une station radar en fonction.  Nous rebroussons chemin et nous arrêtons pour luncher sur la plage déserte, près d’un petit village fantôme.  Nous constatons en effet que l’activité du village est la récolte de sel des salines et comme cette activité est estivale, il n’y a à peu près aucune vie dans le village.
  
Après le lunch, nous empruntons un petit chemin sablonneux qui nous amène aux trois postes d’observation des salines dans lesquelles nous pouvons voir des flamands roses, des avocettes, des canards qui ressemblent à des becs-scie (arles) et plusieurs autres variétés d’oiseaux.



Nous poursuivons dans le petit sentier avec notre toute petite voiture et, comme Claudine en avait eu l’intuition… (nous aurions dû rebrousser chemin mais maintenant il est trop tard !), nous nous enlisons dans le sable… et plus nous essayons de nous déprendre, plus nous nous enlisons à tel point que la voiture est appuyée sur une grosse quantité de sable tassé, dur comme de la roche.  Nous creusons, essayons de nouveau mais c’est peine perdue, nous sommes « jackés » en bon québécois.  Denis a l’idée de sortir le cric et là, nous réussissons à lever la voiture assez pour dégager tout ce sable compacté en dessous, le tout avec nos bras et de petits bâtons.  Un nouvel essaie nous permet d’avancer d’environ 2 pieds et nous sommes encore enlisés car l’auto est trop basse et accumule du sable en dessous.  Pas besoin de dire que nous sommes épuisés, tout ensablés et un peu découragés.  Nous poursuivons quand même le désensablement sous la voiture comme nous le pouvons et heureusement, un couple de britanniques arrive à vélo et là, avec trois personnes pour pousser, nous réussissons enfin à sortir de ce bourbier !  Nous poursuivons dans le sentier… pas question de rebrousser chemin… et traversons encore des passages mous mais heureusement, nous ne nous enlisons pas à nouveau et sortons enfin de cet enfer, après pas moins d’une heure de travail.  On connaît les Gazelles du Sahara… on pourrait maintenant nous appeler les Gazelles de Cabo de Gata !  On est maintenant entraînés pour le Paris-Dakar... mais on a mal partout !